Chronique noire de Maisonneuve

La « Chronique noire de Maisonneuve » est une série de romans noirs d’ambiance ancrés dans des histoires de corruption et de crimes dans lesquelles les morts se succèdent. Ces romans mettent en scène des banquiers, des boxeurs, des trafiquants de drogues et d’êtres humains, des policiers corrompus et d’autres qui sont épris de justice. Surtout, tous sont torturés par leurs obsessions et bien peu vont s’en sortir indemnes.

La série se déroule à l’époque actuelle. Outre certains personnages, dont les membres de l’Unité des homicides, les romans qui composent la série présentent certaines caractéristiques récurrentes, dont un regard tragique et pessimiste, voire ironique, sur la société.

Les romans de la série Chronique noire de Maisonneuve sont disponibles via Amazon en versions papier et en abonnement Kindle.

Amateurs de polars et d'épouvante (4 × 4 po)

« Sous-genre du roman policier, le roman noir peut se définir par certaines caractéristiques récurrentes, incluant un univers violent, un regard tragique et pessimiste, voire ironique sur la société, un fort ancrage référentiel et un engagement social ».

Richard Cloutier s’est d’abord fait connaître comme auteur de nouvelles, puis à titre de chroniqueur de boxe, et finalement, de journaliste financier. Un critique a dit de l’un de ses recueils : « Lorsque Richard Cloutier écrit des nouvelles, il les écrit le plus souvent comme d’autres écrivent des poèmes. Avec une liberté de ton et d’images où le sujet se précise ou s’efface avec la même facilité. » C’est un style qu’il a transporté dans cette première série de romans.

EXTRAITS :

La pluie tombait et la débâcle s’est amorcée

« Il empoigna le corps qui gisait au pied de l’escalier. Et après l’avoir hissé sur son épaule, puis avoir traversé la cour intérieure de l’édifice en prenant garde de ne pas glisser sur le sol verglacé qui continuait à se couvrir d’eau au fil de l’averse incessante, il le déposa prestement dans le vaste coffre de sa voiture. Il scruta ensuite brièvement les fenêtres des bâtiments environnants à la recherche d’une lueur émanant d’une bougie ou d’un quelconque éclairage artisanal, mais ne distingua rien d’alarmant. Il ne vit que les habituels commerces surmontés de maisons de chambres, pour la majorité laissés à l’abandon depuis plusieurs jours en raison de la panne électrique. Alors, il se mit au volant de sa voiture et démarra afin de s’éloigner. À l’intersection, il vira à l’est sur la rue Sainte-Catherine, désertée, puis roula brièvement jusqu’à la rue Peel. Il s’y engagea à toute vitesse malgré la mince couche de glace qui faisait patiner ses roues et déporter constamment, par à-coups, sa voiture vers la droite, et gagna le boulevard René-Lévesque. »

L’étreinte des naufrageurs

« Il pleut sur la ville depuis des heures et la pluie s’écoule dans les rues sans s’arrêter. Mais pour Lemmy T. Stone, maintenant, toute cette eau ne coulera plus assez pour laver ses souvenirs ou les emporter loin. Au contraire, ceux-ci tourneront auprès de ses luxures comme une bande de coyotes et de vautours. Heureusement, ils n’auront plus pour lui qu’une lointaine signification. Tout ce qui lui paraissait abject 24 heures plus tôt et le faisait péniblement souffrir semble devenu son seul point de référence. C’est donc sans remords qu’il compte dorénavant se griser de ce que l’argent et le pouvoir seront en mesure de lui procurer. »

Plongeon dans l’abîme 

« Le couple aperçut brièvement le jeune homme arriver, un pistolet à la main. Âgé d’une vingtaine d’années, il venait de sortir d’une vieille berline noire avec trois jeunes à bord qui le suivait de près dans l’allée bordant l’hôtel. En s’approchant du couple, il a levé son arme et quatre coups de feu ont résonné. Le tireur a visé directement l’homme et l’a atteint à trois reprises, le quatrième projectile allant se loger dans la façade de l’hôtel. La femme s’est effondrée au même moment que son compagnon, bien qu’elle n’ait pas été touchée. Elle n’a pas vu le tireur portant un foulard sur le visage s’engouffrer ensuite à la hâte dans le véhicule, ni celui-ci rouler à toute vitesse pour quitter les lieux. Le concierge de l’hôtel, lorsque les enquêteurs du SPVM l’ont questionné plus tard, a témoigné avoir entendu « quatre ou cinq bruits très sourds ». Il a regardé immédiatement par la porte vitrée du hall d’entrée et a aperçu le couple gisant sur l’asphalte du stationnement. Puis, il a vu la femme se redresser lentement. Elle portait une courte robe noire toute simple et sans manches, sur laquelle glissaient ses cheveux ébène tandis qu’elle bougeait la tête en signe de négation et que des larmes coulaient sur ses joues. La jeune femme était agenouillée tout près du corps de son compagnon, couché sur le dos dans une mare de sang, les yeux grands ouverts. Seul le bruit des voitures et des camions filant sur l’autoroute urbaine de la Côte-de- Liesse, située juste à côté, résonnait à ses oreilles après les éclats de la fusillade. »

La bête prise en cage 

« Joey Steltzer entre dans une chambre douillette, dont les murs sont recouverts d’un papier peint texturé rouge métallisé, garni de motifs or d’inspiration victorienne. Son regard traverse la pièce et il aperçoit Karine de Neuville, assise sur une chaise placée près du lit. Elle le regarde, l’air terrifié, et il remarque immédiatement ses joues rouges et ses yeux luisants. Des yeux qui sont en réalité remplis de larmes. Il ne comprend d’abord pas ce qui se passe, puis il entend la porte se refermer derrière lui. Il se retourne instantanément et découvre un homme d’une cinquantaine d’années, peut-être même soixante, qui le tient en joue avec une arme à feu. « Bonsoir Joey », dit-il. L’individu présente un visage de forme légèrement allongée et des cheveux poivre et sel. D’allure négligée, il porte un vieux costume gris de coupe standard, froissé, une chemise blanche dont le bord des manches est un peu élimé, ainsi qu’une cravate à carreaux gris et blanc sur fond rouge. Steltzer ignore de qui il s’agit. La situation lui semble irréelle et il est subitement très effrayé. Ne sachant que faire, il tourne instinctivement la tête pour regarder de nouveau Karine de Neuville. Il la voit assise sur la chaise avec les mains sur les genoux. La détresse est bien visible dans ses yeux et elle n’arrive plus à contenir ses larmes. »