Par Martin FOURNIER, collaboration spéciale –
Le samedi 11 mars au Casino Turning Stone à Verona, dans l’État de New York, David Lemieux, 36 victoires dont 32 par KOs en 39 combats, affrontera l’américain Curtis « The Cerebral Assassin» Stevens, dont la fiche est de 29 victoires et 5 défaites. Un duel de cogneurs en perspective. Apprenons à mieux connaître l’adversaire de Lemieux, qui est entraîné par l’ancien double champion du monde des super mi-moyens et moyens. John David Jackson, qui est aussi l’entraîneur de l’ancien triple champion du monde des mi-lourds, Sergey Kovalev.
Curtis Stevens est natif de Brownsville, dans l’État de New York. Il fêtera ses 32 ans le 10 mars. Chez les amateurs, en 2002, il a été champion des mi-lourds des États-Unis. Il a amorcé sa carrière professionnelle le 30 septembre 2004 chez les mi-lourds. Il s’est par la suite battu dans la catégorie des super-moyens, où il a vaincu en 2007 par décision unanime le seul tombeur d’Adonis Stevenson, Darnell Boone. Il évolue chez les poids moyens depuis janvier 2013.
Curtis Stevens a détenu jusqu’ici le titre NABF des poids en moyens, en 2013, et précédemment en 2006, le titre des mi-lourds de l’État de New York. Sur ses 29 victoires en carrière, il en a obtenu 21 par KOs. En 34 combats professionnels, Stevens a disputé 168 rounds de boxe et son pourcentage de KO s’établit à 62%. Bien qu’il soit reconnu pour sa force de frappe, il faut souligner que le ratio de KO de David Lemieux est supérieur et atteint 82%.
Curtis Stevens a remporté ses deux derniers combats. Le premier par TKO au 2e round contre Patrick Teixeira, le 7 mai, en sous-carte de Canelo-Khan, gala auquel participait aussi David Lemieux. Son autre victoire, acquise par décision unanime sur James De la Rosa, a été obtenu le 19 novembre en sous-carte de Kovalev-Ward. Rappelons que De la Rosa devait affronter David Lemieux en mars 2016 au théâtre de l’Olympia à Montréal. Le combat a toutefois été annulé après que Lemieux eut été incapable de respecter la limite de poids lors de la pesée officielle.
Sa plus récente défaite remonte à octobre 2014. Elle est le fait du français Hassan N’Dam qui l’a vaincu par décision unanime des juges. Rappelons que David Lemieux a vaincu Hassan N’Dam le 20 juin 2015, ce qui lui a valu la couronne de champion du monde IBF chez les moyens. Stevens, lors de son revers contre N’Dam, est allé au plancher au 8e round. Au total, Curtis Stevens a subi 5 défaites en carrière. Gennady Golovkin l’a vaincu par arrêt de l’arbitre au 8e round en novembre 2013. Golovkin a aussi défait David Lemieux, en octobre 2015 par TKO au 8e round. Les autres revers de Curtis Stevens ont été encaissés contre Jesse Brinkley en janvier 2010 par décision unanime, un boxeur que les amateurs montréalais ont vu s’incliner au Centre Bell par KO au 9e assaut face à Lucian Bute en octobre 2010; Andre Dirrell en 2007, un ancien participant du tournoi Super 6 chez les super-moyens, et Marcos Primera en 2006, sa première défaite en carrière par TKO au 8e round. Il a toutefois vengé cette défaite en l’emportant par décision unanime des juges quatre mois plus tard. À noter que Primera s’est incliné en 2002 par décision unanime face à Joachim Alcine, en Caroline du Nord, au terme d’un duel comptant pour la ceinture IBA.
Au niveau de ses habiletés pugilistiques, l’américain de 5 pieds et 7 pouces a une portée de 71 pouces et demie, contre 70 pouces pour Lemieux. En termes de boxe, il possède des mains pesantes. Il possède un bon jab et surtout, un crochet de gauche dévastateur qui a fait plusieurs victimes. Ce fut notamment le cas pour Saul Roman et Elvin Ayala, qui se sont tous les deux inclinés au premier round en 2013. À noter qu’en 2010, David Lemieux a aussi stoppé Ayala au premier round.
Curtis Stevens lance beaucoup de coups de puissance en mettant continuellement de la pression sur ses adversaires. Il aime boxer à l’intérieur. Son combat contre Golovkin, en 2013, en est une belle démonstration. Il a échangé à plusieurs reprises avec un des meilleurs boxeurs livre pour livre de la planète. Il boxe de façon très compacte et est un excellent finisseur lorsque son adversaire est en difficulté. Il est aussi très efficace et dangereux en contre-attaque et en combinaison.
En défensive, Curtis Stevens se protège bien et garde ses mains hautes. Il est rapide et se déplace bien. Au niveau de sa capacité à encaisser, il a visité le plancher à quelques reprises au cours de sa carrière. Ce fut le cas lors de ses défaites contre N’Dam au 8e round en octobre 2014; contre GGG en 2013 au 2e round où, il faut le mentionner, il a résisté à plusieurs des attaques de puissance du kazakh avant que son entraîneur arrête le combat au 8e round, puis contre Jesse Brinkley en 2010 au 6e round. Néanmoins, Stevens a montré qu’il était capable d’encaisser des coups pour placer son puissant crochet de gauche. Une arme souvent fatale dont Lemieux devra se méfier tout au long du duel.
Au final, compte tenu de la puissance de ces deux cogneurs, il est difficile de ne pas imaginer que le premier qui sera solidement frappé pourrait se trouver en difficulté. Est-ce que la mâchoire de Stevens pourra résister aux coups de puissance du québécois ? Si c’est le cas, nous aurons droit à tout un affrontement. Et la question se pose aussi pour David Lemieux.
Sans surprise, je prévois un duel spectaculaire en raison du style des deux boxeurs et de l’animosité qui existe entre eux. Il me semble également évident que ce combat ne se rendra pas à la limite des 12 rounds. J’y vois même un potentiel de combat de l’année, qui sait?
(Photo : gracieuseté Robert Lévesque)